Le musée possède un fonds assez nombreux de pièces issues de la manufacture toulousaine fondée par Pellet-Desbarreaux en 1793-1794 dans la rue des Treize-Vents, au chevet de la basilique Saint-Sernin, mais ne conservait jusqu'à présent aucun témoin de la série des Cavaliers.

En 1800, les frères Dalles, directeurs de la fabrique, s'associent à Joseph Fouque, homme d'affaire et céramiste de Moustiers. L'année précédente, il a fui sa région natale afin d'échapper à la vengeance de ses compatriotes qui ne lui pardonnent pas sa conduite durant la Terreur : partisan exalté de la Montagne, devenu maire d'Apt, il a présidé le tribunal qui, en 1794, fit passer par les armes et à la guillotine toute la population du village de Bédoin, lequel fut ensuite incendié.

Joseph Fouque parvient à se faire oublier à Toulouse et ouvre au Capitole un magasin tenu par sa femme qui vend des faïences d'Apt et Moustiers produites par ses frères. En même temps, chez les Dalles, il développe la faïence de petit feu et la faïence fine. Enfin, devenu seul propriétaire de l'entreprise en 1808, c'est lui qui, juste avant sa mort en 1829, lance le transfert des ateliers vers le site de Valentine, à Saint-Gaudens, afin de produire également de la porcelaine.

Le décor aux cavaliers français et étrangers d'époque impériale n'est pas propre à la production toulousaine, mais il prend ici un relief particulier. Les assiettes sont dotées d'une aile colorée en jaune, bleu ou vert, parfois enrichie d'une guirlande imprimée, et les gravures sont rehaussées de couleurs. On connaît aussi une série des douze apôtres et une des douze mois de l'année ainsi relevées par une polychromie claire et vive. Il s'agissait donc d'une gamme de vaisselle plus coûteuse que celle portant de simples impressions en noir.