Assiette à dessert
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Domaine : céramique
Matériaux / Technique : porcelaine moulée, peinte et dorée
Lieu de fabrication : Champroux (pour le blanc) ; Paris (décoration)
Exécutant : manufacture Edouard Honoré, négociant porcelainier
Chronologie : 1825-1830
Marques / inscriptions : légende peinte à l'or dans une réserve sur le marli : Vue d'Ivry ; marque en rouge au tampon, Ed. Honoré à Paris, n°4 boulevard Poissonnière ; n°82 peint en noir au revers du talon.
Dimensions : Diam. 23,6 cm
Statut: Propriété du Conseil Général de Tarn-et-Garonne
inv. 2013.16.1
Historique : Don de M.F. Ren, 2013
Crédit photo : © J.M. Garric ; © Musée des arts de la table/CG 82 |
Dès le XVIIIe siècle, la manufacture royale de Sèvres a produit des services de dessert éblouissants comprenant, outre les assiettes, des pièces de forme telles que tasses et seaux à glaces, sucriers, seaux à bouteilles, compotiers... Ces porcelaines sont souvent peintes de fleurs et d'oiseaux. Vers 1800, se développe le goût des services à dessert thématiques, porté à son paroxysme sous l'Empire et la Restauration par Alexandre Brongniart, directeur de la manufacture de 1800 à 1847. Dans ces services, le bassin des assiettes, dont la bordure à fond de couleur est rehaussée de motifs dorés, de réserves et de cartouches peints, est décoré « en plein » de scènes ou de vues formant un ensemble cohérent sur un thème défini : départements français, vues d'Egypte, chasse, pêche, forêts, mythologie... Ce principe des assiettes traitées comme de véritables tableaux avait été en quelque sorte inauguré par le grand céramiste britannique Josiah Wedgwood sur le « Frog service » de 952 pièces en faïence fine destiné à l'impératrice de Russie en 1773-1774, et orné de 1244 vues d'Angleterre.
Le travail de Sèvres fut imité par les porcelainiers parisiens qui reprirent à leur compte les caractéristiques principales de ces services : aile à fond de couleur soutenue (ici la couleur « nankin », très à la mode entre 1820 et 1830), or abondant et bassin peint en plein. Dans le cas présent, il s'agit d'une assiette portant le n°82, issue d'un luxueux service consacré, semble-t-il, à des vues de la région parisienne. La porcelaine fabriquée à Champroux dans l'Allier pour le négociant Edouard Honoré, qui faisait peindre les pièces dans son atelier parisien, n'a pas l'extrême finesse de la pâte de Sèvres, mais l'objet est d'un très haut niveau. La qualité de l'or, la finesse de la peinture, même si elle reste inférieure à celle de Sèvres, la présence d'un filet doré sur le talon et le nombre très important d'assiettes envisageable d'après le numéro d'ordre inscrit sur celle-ci, témoignent d'une commande exceptionnelle passée auprès de la maison Honoré, l'une des plus importantes de la capitale au début du XIXe siècle.
